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Les petites phrases de Lacan #1: " Il n 'y a pas de rapport sexuel"

Lacan jargonne , vous n ‘y comprenez rien? Vous n ‘etes pas le(la) seul(e) soyez rassuré(e)! Alors essayons de comprendre ce qu’il dit...

Dans sa phrase , Il n’y a pas de rapport sexuel”, Lacan ne veut pas dire que les relations sexuelles n’arrivent jamais ; mais il veut dire que le langage fait que chez l’être humain, contrairement aux animaux, il n’existe pas d’appropriation nécessaire, de destination d’un sexe pour l’autre.

Le garçon n’est pas voué à la fille. Chacun construit, choisit son mode de jouissance et son usage du sexe (solitaire, hétérosexuel ou homosexuel,bisexuel, pansexuel etc....).

Invention de soi, singularité. Trouvez la voie de votre désir et assumez le.

Tout d ‘abord le sujet (l’individu) se définit par la dynamique de son désir. En effet, si on ne désire rien, alors il n’y a plus rien qui nous fasse penser ou nous bouger,nous motiver et on n’existe tout simplement plus.

Etre un sujet, c’est désirer. Si vous ne désirez rien, ne voulez rien, ne pensez rien, vous n’allez nulle part et vous êtes un caillou, une chose.Pour désirer il faut être manquant, c ‘est à dire castré symboliquement.

Dans la phrase « il n’y a pas de rapport sexuel », Lacan fait un jeu de mots entre le mot rapport de « rapport sexuel » et le rapport des nombres entre eux en mathématiques .

Faire un rapport, en mathématiques, c’est écrire quelque chose comme « x est à y ce que a est à b », ou plutôt : x se rapporte à y selon une certaine grandeur, par exemple x=4y.

Mais une phrase mathématique comme x=4y est complete.

On ne peut plus rien en dire : x se satisfait d’être égal à 4y, c’est comme ça, il n’y a aucun trou à boucher, aucune dynamique, car il n’y a aucun problème (contrairement à une équation à résoudre, ou à une courbe qui part à l’infini).

Donc, si x est défini par rapport à y, x et y sont coincés ensemble.

Vous voyez où Lacan veut en venir?

Eh bien, cela fonctionne exactement de la même manière pour ce qui est du rapport entre l’homme et la femme (homme et femme étant des rôles, pas au sens d’ identités biologiques, et ces rôles peuvent même se recouvrir ; Lacan ne méconnaît absolument pas ce qu’on appelle maintenant les problèmes de genre).

Pour Lacan, si l’homme était le x de la femme (c’est-à- dire, si homme et femme se complétaient selon une logique de rapport X+Y =1), alors la conjonction entre homme et femme les rendrait tous deux complets.

L’homme serait le x de la femme et la femme le y de l’homme ; à ce moment-là, si x et y se rapportent l’un à l’autre selon un rapport de, disons, la moitié, alors homme(x=1/2)+femme(y=1/2).....=1=complétude, comme x+y=1 et c’est tout.

Or la complétude, c’est l’annihilation du désir (je suis complet donc je n’ai plus rien à désirer), par conséquent c’est la destruction du sujet.

Lacan appelle d’ailleurs cette annihilation du désir « jouissance » ; ainsi, la jouissance est impossible à atteindre pour un sujet, parce qu’elle implique la disparition de ce sujet lui-même.

Ce qui nous pousse à la rechercher quand même, c’est la pulsion de mort, (cf Freud).

Bien plus, on observe tout le temps que quand un homme rencontre une femme, ça ne marche pas si bien que ça. Si l’on a tendance à répéter le fait de faire l ‘amour, c ‘est que quelque part il y a des ratées.

Donc l’homme n’est pas le « x » de la femme, car sinon homme et femme s’annuleraient dans leur rencontre comme x et y se retrouvent dans un rapport immuable et immobile .

Deux sujets désirants donc, et définis par leur désir, ne peuvent donc pas se retrouver l’un et l’autre dans un « rapport ».(et ce n ‘est pas souhaitable..)

Ainsi, « Il n’y a pas de rapport sexuel » ne signifie absolument pas qu’on ne peut pas faire l ‘amour, mais bien que le sujet se définit par son désir, et qu’il faut par conséquent se garder de l’erreur qui consiste à voir dans l’amour quelque chose qui comble le désir.

En résumé:

Cette affirmation ne signifie donc pas que les relations charnelles sont des chimères, mais qu’il n’existe aucun rapport de complémentarité entre hommes et femmes : ce n’est qu’un fantasme. Les deux sexes ne parlent pas le même langage, n’ont pas la même jouissance et ne se rencontrent que grâce à l’amour – qui supplée au manque de rapport sexuel.

Le plaisir absolu n’est pas de ce monde, qu’il y a toujours un désir impossible à atteindre mais dont la fonction est de relancer l’envie sous peine d’inertie et de mort .

Et que les problèmes psy, ne sont causés que par ce refus d’acceptation du désir fuyant .

Accepter la castration, c’est arrêter de vouloir attraper l’impossible. Le manque laissé par le désir permet la relance, vouloir combler ce manque à tout prix et hop les problèmes commencent.

C ‘est comme tenter de vider un puits sans fond .

La névrose c’est ça : essayer d’attraper le désir alors que c’est impossible.

On repère toutes les déclinaisons possibles de l’angoisse à la dépression à cause de cette quête de l’impossible. Ce refus non accepté intérieurement,nous revient par l’extérieur.


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